LES AUTRICHIENS ONT OSE !
Dimanche 24 Avril dernier se déroulait le premier tour des élections présidentielles en Autriche. Certes les pouvoirs du président sont assez limités et la fonction est plutôt honorifique. Malgré cela, la participation a été élevée (68% du corps électoral).
La question des migrants a occupé une place importante dans la campagne électorale. L’Autriche est au débouché de la « route des Balkans » pour l’immigration vers l’Europe et vers l’Allemagne en particulier. Ainsi lorsqu’Angela Merkel a décidé de ralentir l’afflux de réfugiés en Allemagne, ils se sont trouvés bloqués en Autriche. Cette situation a alors suscité de fortes craintes dans la population autrichienne et les relations entre les deux pays se sont très rapidement tendues.
Premier coup de théâtre : les autrichiens ont osé placer dimanche très largement en tête le candidat du parti FPO (parti de la « liberté »symbolisé par la couleur bleue) Norbert Hofer avec 35,05% des suffrages. Le FPO est un parti patriote, allié du Front national français, qui, entre autres, dans son programme, défend une identité nationale forte, se prononce pour une immigration très contrôlée, défend les valeurs traditionnelles (« ja zu Familien statt Genderwahnsinn », « oui aux familles plutôt qu’à la folie du genre) et se prononce pour une « Europe des Nations » contre une Europe fédérale.
Deuxième coup de théâtre : les autrichiens ont osé disqualifier dès le premier tour les partis traditionnels qui animent la vie politique depuis 50ans et qui dirigent toujours le pays dans le cadre d’une Grande Coalition « rouge-noire » (« rouge » pour les socialistes, « noir » pour les conservateurs). Le candidat du SPO (parti socialiste), Rudolf Hundstorfer recueille 11,28% des suffrages, celui de l’OVP (parti conservateur), Andreas Khol 11,12%, ils sont renvoyés dos à dos et éliminés. Le candidat des Verts, Alexander van der Bellen, se hisse de justesse à la seconde place avec 21,34% des voix et, ce, grâce aux populations urbaines et aisées de Vienne et de Graz. Il est talonné par une candidate indépendante, Irmgard Griss (18,94% des votes) qui, même en zone rurale, a su réunir les voix centristes. Son cas est très intéressant puisqu’elle revendiquait comme un atout majeur le fait de ne pas appartenir à un parti politique, et qu’elle ne s’est fait connaître que récemment en dirigeant la commission d’enquête sur le scandale de l’Hypo-Bank (Hypountersuchungkommission), scandale qui a éclaboussé les partis politiques. Le rejet des partis traditionnels est donc double, rejet de l’absence de réponse aux défis du moment et aux craintes des citoyens (qu’il s’agisse du marasme économique ou des flots de réfugiés) rejet de l’opacité et des compromissions.
Ce vote est un camouflet pour la Chancelière allemande et la Commission Européenne, ardents promoteurs d’une immigration « chance pour l’Europe ».
Il est extrêmement rassurant de constater que, malgré les manipulations médiatiques, des citoyens européens savent encore dire « NON »et défendre leur identité culturelle. A qui le tour?
Marie-Christine Lipatz
RPF 86